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Etude Poisson Plat

Khulia sp de La Réunion (2023-2025)

L’objectif global de ce programme est de collecter des données qui permettront d’améliorer les connaissances sur les espèces de poissons plat de La Réunion, en vue de leur conservation[1]. Pour cela trois axes d’étude, déclinés sous forme de questions scientifiques, sont proposés dans le cadre de ce projet :

Axe 1 : Distribution des populations et habitats.

  • Quels facteurs expliquent la distribution des Kuhlia au sein des bassins versants ?
  • Quels paramètres majeurs impactent les populations ?

Axe 2 : Traits d’histoire de vie.

  • Où se reproduisent les poissons plats de La Réunion ?
  • Existe-t-il un brassage des reproducteurs à l'échelle de l'île ?
  • Quelle est leur taille/l’âge de maturité sexuelle et la taille de première dévalaison ?
  • Quel est le lien entre la fécondité et la taille/l’âge des individus ?

Axe 3 : Actions pour la conservation des populations de poissons plats de La Réunion.

  • Quels éléments de connaissances sont disponibles et restent à acquérir ?
  • Quel est l’état de conservation des populations de K.rupestris et K.sauvagii ?
  • Quels facteurs menacent ces populations ?
  • Quelles priorités d’action doivent être engagées pour la conservation des poissons plats ?


[1]La conservation promeut une gestion raisonnée de la nature, en conscience des équilibres naturels, dans le respect des rythmes de renouvellement des milieux, selon un usage raisonnable des ressources (Depraz, 2013).

Pour répondre à ces objectifs, il est proposé de déployer un programme d’étude pluriannuel (2023-2025) d'acquisition de connaissances et de traitement des échantillons et des données collectées pour la proposition d’un plan d’actions de conservation des populations des poissons plats K.rupestris et K.sauvagii.

Ce programme s’inscrit dans les objectifs de plusieurs plans d’actions nationaux et locaux de gestion des espèces aquatiques d’eau douce: le Plan National en faveur des migrateurs amphihalins (PNMA, OFB), l’Etude en vue de la protection des espèces de poissons et de crustacés d'eau douce de La Réunion (DEAL 974), la Stratégie Régionale pour la Biodiversité (SRB- CEB), les missions de l’Agence Régionale de la biodiversité (ARB 974), le SDAGE, le Programme pluriannuel d’intervention du bassin (PPI- OLE, CEB).

® Yannick Gouguenheim

Ce projet sera suivi par un Comité technique, composé des organismes suivants, ayant déjà donné un accord de principe sur leur participation :

  • l'OFB, représentant du Pôle national Amphihalins Migrateurs OFB-INRAE,
  • l'INRAE, représentant du Pôle national Amphihalins Migrateurs OFB-INRAE,
  • le MNHN- BIOPAC : Biodiversité, plasticité, adaptation et conservation des espèces aux communautés,
  • l’Université de La Réunion,
  • l’Université de Perpignan,
  • l’Université de Pau,
  • la DEAL Réunion,
  • l'Office de l'eau,
  • la Régie de la RNN ESP,
  • la Fédération et ses 3 AAPPMA,
  • OCEA Consult.

Cette étude ayant un coût total de 333 848 €, est financée de la manière suivante :

  • 80 000,00 € DEAL Réunion,
  • 115 024,00 € de l’Etat (plan Etat/Région),
  • 70 000,00 € de l’Office de l’eau Réunion,
  • 16 284,00 € de la FNPF,
  • 52 540,00 € d’autofinancement d'OCEA Consult' et de la Fédération.

Connaissance de la distribution des poissons plats à La Réunion dans le cadre du projet PLARUN

Dans le cadre du projet PLARUN, la distribution des poissons plats au sein des écosystèmes aquatiques de La Réunion a été étudiée à travers trois approches complémentaires :

  • Inventaires par pêche électrique réalisés dans les cours d’eau pérennes ou intermittents encore peu étudiés, afin d’enrichir les connaissances sur la présence de ces espèces ;
  • Inventaires subaquatiques menés dans les habitats profonds et difficiles d’accès, non praticables à pied, notamment dans les grandes rivières pérennes ou dans des zones encore méconnues ;
  • Dispositif de science participative avec la mise en place d’un carnet de pêche (numérique et papier) destiné aux pêcheurs amateurs, afin de recueillir leurs observations sur les poissons plats présents dans les cours d’eau réunionnais.

Distribution à l’échelle de l’île

Les données collectées via ces différentes méthodes ont permis d’actualiser les connaissances sur la répartition des espèces du genre Kuhlia à La Réunion. Kuhlia rupestris est l’espèce la plus largement répartie, détectée dans l’ensemble des milieux aquatiques (récifs, littoral, ravines et rivières), avec des densités environ 9 fois supérieures à celles de K. sauvagii. Les deux espèces coexistent fréquemment dans les cours d’eau (sympatrie). Des individus ont été observés ou détectés (par pêche électrique, observations subaquatiques ou analyses d’ADNe) sur 32 embouchures de rivières pérennes ou de ravines intermittentes.

En milieu marin côtier, les poissons plats sont présents sur la quasi-totalité du littoral, à l’exception de la zone volcanique. K. sauvagii n’a pas été détectée dans certains bassins versants, en particulier à l’ouest de l’île (Rivière des Galets, Étang de Saint-Paul, etc.), indiquant une distribution plus restreinte, principalement concentrée sur les zones est et sud.

Les plus fortes abondances ont été enregistrées dans quatre rivières de l’Est :
- Rivière des Roches
- Rivière des Marsouins
- Rivière Saint-Jean
- Rivière du Mât

D’autres sites présentant des densités significatives incluent la Rivière des Remparts, la Rivière des Pluies, la Rivière Saint-Étienne et la Ravine Saint-Gilles.

Facteurs influençant la distribution des Kuhlia

La distribution des Kuhlia varie selon les saisons et les stades de développement : En hiver austral (avril à août), les post-larves sont principalement présentes dans les zones aval. En saison chaude, ces effectifs diminuent, correspondant à une période de migration des adultes vers la mer pour la reproduction (octobre à février), avant leur retour en rivière à partir d’avril/mai. K. sauvagii semble présenter des périodes de présence plus ciblées en zones aval que K. rupestris, bien que les données restent limitées.

Concernant l’habitat, les Kuhlia privilégient les tronçons moyennement à très profonds (30 cm à plus de 60 cm), Les substrats rocheux (blocs, pierres) qui offrent des caches favorables à tous les stades de développement.

Paramètres majeurs impactant les populations

Un facteur déterminant limitant la distribution naturelle des poissons plats est la présence d’obstacles à la continuité écologique, qu’ils soient naturels ou d’origine humaine. 34 obstacles anthropiques identifiés représentent des barrières infranchissables pour les Kuhlia, restreignant leur colonisation des cours d’eau en amont. L’aire naturelle de distribution est estimée à 265 km de linéaire de cours d’eau ou chenaux côtiers. 95 km de cette aire sont aujourd’hui inaccessibles en raison de ces obstacles, soit une réduction de 36 %.

Focus sur les bassins versants les plus concernés :

  • Rivière du Mât : 40 km d’habitats perdus en raison d’obstacles, dont le seuil de Bengalis, prioritaire pour la restauration avec un potentiel de reconquête de près de 20 km.
  • Rivière des Roches : potentiel de 11 km de linéaire restaurable via l’aménagement ou l’arasement de 6 radiers (Beauvallon, Paniandy, Barbier, Bras Sec, Carreau Morin).
  • Rivière Saint-Étienne et Rivière des Galets présentent également des enjeux notables de restauration.

FD974

Enjeux de conservation

Les résultats de cette première phase du projet PLARUN mettent en évidence l’importance stratégique des rivières du Mât, des Roches, des Marsouins et de Saint-Jean, qui concentrent une part significative des habitats actuellement colonisés ou présentant un fort potentiel de restauration. Situés au cœur de l’aire de distribution de Kuhlia rupestris et K. sauvagii, ces bassins versants constituent des zones prioritaires pour la conservation de ces espèces.

La préservation, et le cas échéant la restauration, des habitats sur ces cours d’eau sont essentielles pour favoriser le maintien et le renforcement des populations, notamment dans la région nord-est de l’île. Les travaux prévus dans les Axes 2 et 3 du projet, permettent de compléter et d’approfondir les connaissances acquises. Ils viseront à affiner l’identification des enjeux et à définir les leviers d’action les plus adaptés pour garantir la pérennisation de ces espèces patrimoniales.