Le site institutionnel de la Fédération Nationale de la Pêche en France
Accéder au siteLe site institutionnel de la Fédération Nationale de la Pêche en France
Accéder au sitegenerationpeche.fr – Toute l’actu de la pêche en France
Accéder au siteTrouvez les informations pêche de votre département
Accéder au sitecartedepeche.fr - Le site officiel pour obtenir la carte de pêche de votre association agréée
Accéder au sitePublié le 28/01/2025
Conférence Régionale de l’Eau, avez-vous dit ?
Le Ministre des Outre-mer, M. Manuel Valls, a été interpellé par le député Jean-Hugues Ratenon lors des questions au gouvernement au sujet de la sécheresse historique qui sévit actuellement à La Réunion. En tant que président de la Fédération de Pêche et de Protection des Milieux Aquatiques de La Réunion, je ne peux qu’approuver cette intervention et saluer la prise de conscience du député.
Anticiper des événements annoncés de longue date par nos scientifiques et météorologues nécessite des actes concrets à court terme, avec une planification et un financement adaptés. Je l’ai déjà dit : il faut revoir la hiérarchie de nos priorités et utiliser les financements locaux, nationaux et européens avec plus d’efficience. Comme l’ont si bien souligné les responsables de la Plateforme Réunionnaise, « il faut réorienter les priorités vers l’eau » (cf. Le Quotidien de La Réunion, 21 janvier 2025).
Le Ministre a répondu en émettant l’idée d’une Conférence Régionale de l’Eau, pilotée par M. le Préfet de La Réunion. Bien entendu, cela se fera – à n’en pas douter – avec les collectivités responsables de l’eau potable, de sa ressource et de sa distribution. Espérons que cette conférence sera conduite dans un esprit de concertation et de co-construction, et que certains acteurs ne seront pas oubliés.
Une ressource abondante, mais mal exploitée
Sept milliards de mètres cubes d’eau de pluie : c’est le don du ciel à La Réunion. Pourtant, pour répondre aux besoins de notre île, nous n’en captons que 222 millions (152 pour l’eau potable, 58 pour l’irrigation, 11 pour l’industrie, et 1 pour alimenter la nappe de la rivière des Galets). Mais où passent les 6,778 milliards restants ? Le bon sens voudrait que nous nous efforcions d’en récupérer une partie. La sécheresse actuelle impose une gestion à flux tendu de ces 222 millions de m³, avec des coupures d’eau qui génèrent des troubles sociaux et des querelles entre responsables politiques. Chacun se renvoie la responsabilité de cette situation chaotique.
Comme l’a rappelé le président du Comité Eau et Biodiversité (CEB), nous ne manquons pas d’eau. Cependant, nos infrastructures et réseaux doivent être suffisamment dimensionnés pour stocker ces milliards de m³ qui tombent du ciel. Une meilleure interconnexion entre les bassins déficitaires paraît indispensable pour une solidarité efficace.
Je crains qu’avec les premières pluies abondantes, ce problème soit relégué aux oubliettes. Espérons que la Conférence Régionale saura remettre sur la table les enjeux et les actions nécessaires. Car gérer, c’est prévoir.
Un besoin de planification et d’innovation
La révision du Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE), en cours au sein du CEB, doit permettre de poser le problème avec plus d’acuité, en redéfinissant certaines orientations fondamentales. Cette situation est d’autant plus navrante que des solutions existent depuis longtemps pour économiser l’eau ou trouver de nouvelles ressources. Parmi celles-ci :
En décembre 2017, le Conseil Économique, Social et Environnemental Régional (CESER) avait adopté un rapport intitulé Mieux connaître et mieux gérer l’eau à La Réunion. Celui-ci visait notamment à approfondir les recherches pour une meilleure gestion de notre potentiel hydrique.
Explorer les ressources inexploitées
Entre 2010 et 2015, le BRGM a réalisé une étude du sous-sol réunionnais, une véritable radiographie en 3D jusqu’à 100 mètres de profondeur. Cette zone concentre des espaces riches en ressources en eau, notamment les « aquifères perchées », qui ne subissent pas d’intrusions marines comme les nappes phréatiques du littoral. Pourquoi ne pas prendre en compte les propositions de chercheurs tels que Jean-Lambert Join, avec ses études sur les galeries drainantes, ou Jean Coudray, auteur de travaux sur la gestion intégrée des eaux de La Réunion ?
Je salue également les efforts remarquables de l’Office de l’Eau de La Réunion et les projets structurants comme MEREN portés par le département. Toutefois, ces efforts sont-ils suffisants ? Un plan quinquennal pour les retenues collinaires, souhaité par de nombreux agriculteurs, permettrait de mieux gérer les épisodes de sécheresse, qui seront sans doute plus fréquents et plus intenses.
Pour un équilibre entre exploitation et préservation
Enfin, je me dois d’évoquer le triste sort des rivières réunionnaises. Aujourd’hui, 68 % de l’eau potable, 26 % de l’eau pour l’irrigation et 5 % de l’eau industrielle sont prélevés sur les rivières, alors qu’elles ne représentent qu’un tiers de l’eau prélevable. Les nappes phréatiques, qui fournissent les deux autres tiers, sont sous-exploitées. Ce déséquilibre est préoccupant, surtout en période d’étiage ou de sécheresse, pour la vie aquatique. De plus, les eaux souterraines nécessitent moins de traitement que celles des rivières, dont la turbidité en période de crues les rend impropres à la consommation.
Conclusion
Ces recherches et travaux coûtent cher, certes, mais l’enjeu n’en vaut-il pas la chandelle ? L’impréparation et ses conséquences économiques, sociales et environnementales coûteront bien plus cher que les investissements nécessaires. Ou bien attendrons-nous, confortablement installés dans nos fauteuils électifs, que la colère du peuple réunionnais emporte fauteuils et décors de la République ?
Alors, vive la Conférence Régionale de l’Eau ! Et mettons-nous au travail.
« Un problème sans solution est un problème mal posé. »
Albert Einstein
Jean Paul MAUGARD,
Président de la Fédération Départementale
de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique de La Réunion